Les Sunderbans

Publié le par Sophie

 

11 novembre 2009

 

Il fait nuit quand nous retournons à notre hôtel à Calcutta. Nous rencontrons la personne de contacte de l’agence pour la suite du voyage à la réserve des Sunderbans. C’est à lui qu’il a été convenu que nous payerons le solde du pack (16'000 Rs) par carte bancaire. En effet, notre limite de retrait aux distributeurs automatiques est basse, et nous devons pouvoir retirer du cash pour la fin du voyage. Au lieu de nous emmener à son agence, l’homme nous accompagne à un distributeur. Nous lui expliquons qu’on a convenu avec l’agence de Siliguri de payer par carte. Il a l’air embêté. Son agence est fermée. Ça nous semble bizarre. On lui dit qu’il n’a qu’à la rouvrir, nous n’avons pas d’autre moyen de paiement pour une si grosse sommes. Puis il nous emmène dans plusieurs agences de voyage qui refuse la transaction. En fait il n’a pas d’agence et essaye de faire passer l’opération pour recevoir du cash en échange. Cela nous paraît de plus en plus étrange. Nous lui disons qu’on paiera au Tiger camp a l’arrivée. Et qu’on peut verser au guide sa part pour la visite de Kolkata. Il nous prétend que comme ce n’est pas un lodge gouvernemental ils n’ont pas de moyen de paiement par carte sur place. On lui propose alors de faire le paiement par internet, nous avons vu sur leur site que cela est possible, mais il ne veut pas. Christophe commence à se méfier sur la réservation. Il demande à l’homme de téléphoner au Tiger camp ; on veut s’assurer d’avoir une réservation à notre nom. Il dit que ce n’est pas possible de les joindre à cette heure. A ce moment, nous ne savons pas exactement quoi, mais on sent qu’il y a un problème.

100-agence-backpackers-DSCN3339.JPGOn passe justement devant une petite agence « backpackers », spécialisée pour Sunderbans. On se dit qu’on a payé que 1000.- Rs d’avance, cela correspond au prix de la location de voiture pour la journée à Calcutta, on les laisse tomber et on réserve ailleurs. Le jeune homme de l’agence, après discussion avec notre contact de Kolkata, nous explique qu’il n’était pas prévu de nous emmener au luxueux Tiger camp, mais à un autre endroit qui vaut nettement moins cher. Heureusement qu’on n’a pas payé, on se serrait bien fait avoir.

Nous sommes énervés. Nous pensions partir le lendemain matin pour la réserve. Soit nous essayons de prendre contact directement avec le Tiger camp. Mais cela risque de prendre du temps pour organiser le tour (après échange de mail, il était complet, il ne leur restait plus que des tentes à partager). Soit on regarde avec l’agence backpackers, mais ce ne sera plus le même style de voyage. Nous passons du confortable « club med » en groupe pour bidochons, au voyage rustique mais authentique pour baroudeur. Nous allons boire un thé pour réfléchir au calme. La présentation avec photos nous a séduites. Nous partirons le lendemain matin.

 

 

12 novembre 2009

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Notre excursion de 3 jours au Sunderbans Tiger Reserve débute ce matin. C’est toute une aventure pour ce rendre au cœur de la mangrove, dans ce parc naturel. Nous nous rendons à 7h30 à l’agence backpackers sunderband. Le plus jeune des trois frères, Ag, va nous accompagner lors de notre périple. Nous laissons nos gros sacs à dos pour les trois jours à l’agence, afin de voyager léger avec le strict minimum. Ce sera plus facile dans les nombreux transbordements. Nous recevons un petit paquet de biscuit et une bouteille d’eau chacun pour la route.

Nous montons dans un taxi qui nous conduit jusqu'à l’une des trois gares de Kolkata (Sealdeh).

Une heure de train local en classe standard, à travers les rizières. Le vieux train arrive bondé, débordant de passagers : à chaque porte ouverte au moins quatre personnes sont accrochées sur les marches. Sur le quai d’en face j’en vois même deux s’assoir sur le bord du toit entre deux wagons. Par chance beaucoup de monde descend et nous ne serrons que quatre assis sur la banquette 3 places.

Nous descendons à la gare de Canning et suivons le chemin de terre et de briques, bordé de petites échoppes. Nous y prendrons notre petit déjeuner : poisson ou poulet, pommes de terre et grand chappatti.


Au bout du chemin, une barque à moteur nous permet de traverser la rivière. Il y a un pont en construction… depuis 6 ans.102-barque.JPG103-pont-en-construction.JPG104-barque.JPG

On saute dans un touc-touc rustique. Il n’y a pas de siège, mais des planches en bois.

105-touctouc.JPGUne heure sur les petites routes au cœur des rizières avant de prendre une seconde barque.

Nous voici sur l’île Pakirala. Il n’y a ni électricité, ni voiture. Seuls les vélos y circulent. Nous pouvons à nouveau respirer de l’air pur. C’est donc en cyclopousse que nous traverserons l’île pour rejoindre notre hôtel.

106-cyclopousse.JPGL’île a été dévastée par un cyclone au printemps. Il n’y a pas eu trop de mort (environ 230 quand même) car il est passé en plein jour. Mais les animaux n’ont pu être sauvés et les cultures et maisons furent détruites. La conduite d’eau brisée priva la population d’eau potable pendant trois mois, ce qui entraina de nombreuses maladies.

Les maisons de terres au toit de chaume ont été reconstruites, chacune au bord d’un petit bassin qui se rempli d’eau au moment de la mousson. Les villageois y pêchent, s’y lavent et y fond leur lessive. Je crois bien que nous sommes les seuls touristes de l’île en ce moment.

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110 pêche

 

 

Assis au sol à l’ombre d’une branche, chez une famille à coté de l’hôtel, nous mangeons du poisson et aubergine grillée.


Après avoir posé nos sacs et s’être reposé des 5 h de trajet, nous rejoignons Ag au bord de l’eau pour une partie de pêche. Il y a un bassin au pied de l’hôtel. Il a pris un filet et explique à Christophe la technique du lancé.

 

Que va-t-on trouver dans cette eau verte-brune stagnante ?

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Ils n’attraperont pas de poissons, mais 4 grosses crevettes grises qu’Ag porte à la famille qui nous les cuisinera pour le souper.113-crevette.JPG


A mon tour de m’amuser. Nous allons au bassin suivant : c’est la piscine. Il est bien plus grand (30m x 30 m). Chris qui n’est pas un grand fan de l’eau me regarde batifoler. Je dois me baigner toute habillée car le bikini ne fait pas partie des coutumes locales. 114-piscine.JPGLe fond est vaseux. J’avance doucement pour ne pas glisser. Après un mètre, il y a une marche, je n’ai plus pied. Comme l’eau est opaque, je n’ai pas envie de m’immerger la tête pour tester la profondeur (au minimum 1,50m). C’est une vraie piscine dans laquelle je nage quelques longueurs. Je sais que les gens d’ici se lavent et font leurs lessives dans ces bassins, mais je préfère me rincer, ainsi que mes vêtements qui sentent la vase. J’ai du mal à considérer comme propre de l’eau où l’on ne voit pas à travers.

109 bassin mangroveEn marchant sur la nouvelle digue, derrière notre hôtel, nous rejoignons un traversier qui nous conduit au village d’en face. 115-digue.JPG

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121 canne à sucre

 

 

Il y a un grand marché : fruits, tissus à carreaux pour les pagnes des hommes etc. Nous dégustons le jus de canne à sucre et l’alcool de riz. La nuit est tombée (à 18h) quand nous regagnons notre île.


Deux musiciens nous divertissent : un aux tablas, l’autre à l’harmonium pousse la chansonnette. Un troisième gars nous interprète la danse du cueilleur de bananes, son petit frère essayant de l’imiter. Le repas nous est apporté sur la terrasse : les crevettes pêchées pas Christophe sont succulentes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

13 novembre 2009

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L’astre solaire, gros disque rouge, se lève à 6h en même temps que nous. Nous embarquons pour la journée avec Ag, sur le Jayanta. C’est un bateau de croisière en bois, motorisé, dont le pont est ombragé par un tau. L’équipage se compose du capitaine, un cuisinier et un moussaillon, une poule (elle ne survivra pas au repas de midi).

121-le-Jayanta.JPGNous allons en premier lieu établir nos permis et chercher le guide de la réserve. Sunderbans, littéralement en bengali « jungle magnifique » doit son nom à un arbre.

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C’est une des plus grandes mangroves du monde. Composée d’une centaine d’îles, entrecoupée de rivières d’eau salée et de petites criques, 65 espèces d’arbres et plantes poussent sur le sol dont les berges se dérobent.

142 mangrove DSCN3390 145 mangrove DSCN3394

Au dernier recensement en 2004, elle abritait 270 tigres du Bengale. Toute fois il s’avère extrêmement difficile d’en apercevoir en croisière. Les habitants des villages environnant le craignent et prient Bonobibi, le dieu de la f orêt pour s’assurer de sa protection.

128 Bonobibi 129 cage à tigre

Nous démarrons la croisière à marée haute. Les deux tiers du feuillage des arbres dépassent de l’eau.

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En fin de journée, à marée basse, l’eau sera descendue de 2,5m laissant apparaitre les racines nues des arbres, et des étendues de vase.

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147 mangrove DSC 0807 (2)A défaut de tigre, nous avons observé de nombreux animaux depuis le bateau ou les tours d’observation à terre.


Volatiles : des martin-pêcheurs, le plus petit (l’espèce commune), un plus grand brun au ventre orange, le coloré au plumage bleu-vert et au ventre blanc. Un aigle (haliastur indus) s’est posé après un tour de vol au sommet d’un arbre. Quelques cormorans noirs, de nombreux grèbes blancs et petits oiseaux bruns voltigent des berges aux arbres. Tandis que les coqs sauvages (gallus gallus) courent dans les sous-bois.

139 oiseau DSCN3403138 oiseau DSC 0800 (2)Aquatiques :mes préférés furent les varans malai (varanus salvator) sur la plage ou nageant dans l’eau.

130 varan DSC 0764 (2)Et les crocodiles d’estuaire (crocodylus porosus) : deux petits et un gros.

132 crocodile DSC 0782 (2)Un dauphin de l’irrawaddy (orcaella brevirostris) a fait des acrobaties avant de disparaitre. Sur le sable, les petits crabes à grosse pince (une seule) (uca rosea) sortent de leur trou.

136 crabeDSCN3402A coté d’étrange poissons (mudskipper) utilisent leurs nageoires pour marcher et sauter hors de l’eau.


Terrestres : sur la terre presque ferme gambadent des biches et des cochons sauvages. Dans les arbres, de gros singes se chamaillent. 135 biche DSC 0810 (2)133 sanglier DSC 0769

 

De retour sur notre île, Ag nous emmènent au village, déguster des douceurs en buvant un chaï. A l’hôtel nous sommes surpris de découvrir qu’il y a de l’électricité. Suite a l’arrivé de touristes indiens pour le week-end, le propriétaire a branché sa génératrice et il y a de la lumière dans les chambres et les couloirs. Dommage qu’il n’y ait pas de ventilateur. Nous avons eu tellement chaud toute la journée. C’est une chaleur humide qui nous rend moite.

 

14 novembre 2009

 

Au petit déjeuner, Ag nous offre un flacon de miel de la mangrove, production artisanal du village. Nous faisons le trajet retour sous une chaleur écrasante :

30 minutes de cyclopousse / 30 minutes de barque / 1 heure d’auto-rickshaw / barque / pause déjeuner / 1h30 de train / taxi. Ouf, il est 15h quand nous arrivons à l’agence backpackers.

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