Retour à Kolkata
Il nous reste 4 jours de vacances avant de devoir reprendre l’avion du retour le 19 novembre. Nous hésitons à descendre se poser à la plage, à 4 heures de route. Finalement, n’ayant pas de bus avant le lendemain et ayant trouvé (difficilement) un joli guest house, nous resterons à Kolkata.
Le Sunflower guest house est sis dans un bâtiment de 1865. Sa large cage d’escalier en bois, autour de l’ascenseur de 1940, encore en fonction, donne un coté rétro sympathique. La façade, les chambres et couloirs à haut plafonds, ont été repeint à neuf récemment.
C’est écrasé par une chaleur moite (au moins 40 °C) que nous nous trainons en ville. Le quartier Chowringhee où nous logeons est assez animé.
Le Hogg market, une vaste halle coloniale, abrite de belles étales des primeurs, pleines de couleurs et de diversité.
La volaille, on ne peut plus fraiche, est vivante dans des cages en osiers. En face les chèvres se font dépecer.
Les Bengalis étant fanes de douceurs, nous goûtons avec plaisir leurs spécialités : les rasgullas (boules de biscuits spongieux imbibées de sirop de sucre) et les mishti dhoi (lait caillé au jagré = sucre de palme).
Nous trouvons des traces de Calcutta en tant qu’ancienne capitale de l’Inde britannique, à travers l’imposante architecture coloniale. De grands bâtiments blancs à l’état de semi-décrépitude témoignent d’une grandeur impériale passée.
Mais Kolkata c’est aussi la pollution et les bruits incessants du trafic routier. La misère à vos pieds : estropiés, femmes et enfants mendiants, hommes squelettiques gisant sur le trottoir.
Et tous les petits boulots : rickshaw tiré à bras d’homme courant pieds nus, les gamins qui ramassent les ordures à la main, l’homme qui vide les trop plein des égouts toujours à la main, ceux qui brasse le ciment pied nus sur le tas etc
Je laisse Christophe dormir et profite de la fraicheur matinale (de 6 à 9h) pour sortir un peu. Un coup de taxi jaune pour me rendre au Kalighat. Ce temple de Kali, qui donna le nom à la ville, est un des lieux les plus saints de Kolkata. Son toit argenté avec des éléments multicolores date de 1809. Mais l’intérieur est beaucoup plus ancien. Les pèlerins disposent des fleurs d’ibiscus rouges devant la statue noire de Kali, à 3 yeux et 4 bras. Les chèvres y sont encore sacrifiées en l’honneur de la déesse. Un bassin permet aux fidèles de se purifier.
Juste à côté du temple se trouve le Nirmal Hriday.
C’est le foyer des mourants ouvert par mère Teresa en 1952. Son toit est agrémenté de petits dômes néo-moghols.
Je déambule dans les ruelles, au milieu des étales de fleurs votives ; roses et lotus, colliers d’ibiscus rouges et de jasmin blanc. D’autres vendent des images de Kali ou des objets et guirlandes religieux.
Un chemin perpendiculaire parsemé de petits temples, me mène au bord d’un court d’eau putride, la Tolisnala. Je m’arrête boire un chai en regardant deux hommes dans l’eau jusqu'à la taille, un tamis à la main.
Dans un jardin anglais bordé de fresques, le Shanagar Burning ghat compte une impressionnante enfilade de monuments de diverses formes, élevés en l’honneur de personnes incinérées en ces lieux.
Avec Christophe, nous empruntons le BBD Bagh, du nom des 3 nationalistes Binoy, Badal, Dinesh, qui avaient tenté d’assassiner le lieutenant britannique Dalhousie. Ici les immeubles coloniaux rouges sont bien conservés.
La poste principale, blanche, fut construite en 1866 sur les ruines du 1er fort William. Elle est surmontée d’un dôme somptueux sous lequel se trouve une statue d’un postier en costume bengali. Nous profitons de la visite pour dévaliser le guichet philatélique.
Nous retournons au Hogg market humer et choisir quelques épices. Et faisons un tour dans le new market pour profiter de la climatisation.
Le soir la pluie repointe son nez. Nous arrivons à ne pas trop nous faire tremper en sortant au bon moment pour trouver un restaurant.
Il fait un peu moins chaud grâce à la pluie d’hier soir. C’est agréable. Nous passerons tout de même la journée sans effectuer de grands déplacements. Un passage à librairie Oxford qui est aussi bien achalandée qu’une Fnac en Europe, mais tous les ouvrages sont en anglais. Le cadre est propre et agréable, avec des bancs de lecture et un coin café. Je m’offre deux livres avec un peu de texte (pas trop car en anglais) et beaucoup de belles photos sur les textiles et la broderie indiennes.
Nous continuons notre tour de la gastronomie bengalie avec les kati roll à midi. Prenez une parrenta (entre la crêpe et le chappatti), trempez la dans l’œuf, garnissez la à votre convenance (légumes, mouton au curry), roulez-la. C’est près à manger dans la rue. Et le soir nous avons goûté les crevettes de rivière (chingri) au lait de coco.
La fin du voyage est toute proche. Nous changeons d’hôtel pour nous rapprocher de l’aéroport. La circulation étant difficile, le temps de trajet est toujours incertain.
Ensuite, deux jours d’avions et nous voilà de retour en Europe, avec plein de souvenir dans les yeux.